
Jérémie Leone, c´est d’abord un ami d’enfance, la bande de l’école de Monclar, les jeux sous les platanes et les fêtes d’anniversaire dans le quartier.
Plus de 20 ans après, on le retrouve à l’hôtel de l´Europe en tant que Sommelier. « je crois qu’on se connaît ! » nous lance-t´il ! Nous découvrons rapidement Jérémie dans son élément, transposant sa passion du vin à ses clients.
Car entre temps, Jérémie est devenu une référence en tant que sommelier dans la région: Diplômé de l’Université du Vin de Suze-la-Rousse, puis sommelier pendant plus de 10 ans dans des établissements gastronomiques étoilés, il est élu “Sommelier PACA” 2017 par le guide Gault et Millau et devient chroniqueur radio (“Vin de mon Pays”).
Aujourd’hui formateur en sommellerie à l’Université du Vin de Suze-la-Rousse, Blogger, et animateur d’ateliers de dégustation, Jérémie partage son histoire avec le vin avec toujours autant de plaisir et de découverte .
Jérémie, comment es-tu devenu sommelier ?
J’ai “rencontré” la restauration par dépit ; c’est le vin qui m’a férocement agrippé. Pour ne plus jamais me lâcher…
Une mystérieuse et diffuse attirance d’abord, qui progressivement, telle une flamme grandit au gré des nourritures combustibles qu’on lui adjoint, finit par se transformer en véritable feu… de joie !
Un père sensible au vin, quelques rencontres marquantes, et surtout cette émotion lorsque je constate chaque jour les yeux subjugués, des néophytes comme des amateurs éclairés, face à l’ouverture d’une bouteille. L’envie de participer activement à ce plaisir, de l’accompagner, d’en être partie prenante.
Quel est le plus grand plaisir que tu éprouves en exerçant ce métier ?
L’expression. Car, orale ou écrite, elle permet la transmission. La transmission du plaisir, de la connaissance, de la passion ; c’est comme une contagion, en somme. Un mot dans l’air du temps… Mais dans un sens réjouissant, cette fois-ci !
As-tu eu ou as-tu un mentor ?
Oui j’en ai un ! Je l’appelle mon “parrain”. Olivier Bompas, journaliste vin du magazine Le Point. Il fut mon formateur il y a longtemps à l’Université du Vin ; c’est moi qui l’ai remplacé, aujourd’hui. Chaque fois que je suis en difficulté, je m’adresse à lui. C’est un érudit en matière de gastronomie et de vin ; et il a une prestance en terme de communication, une décontraction désarmante !
Comment reconnaît-on un bon sommelier à tes yeux ?
À sa passion qui transpire, son irrésistible envie de faire plaisir, sa soif (!) d’apprendre. Sa posture enfin qui, sans nécessairement être discrète, est l’opposé de l’ostentation.
Est-ce que la profession de sommelier est amenée à évoluer dans les prochaines années et si oui, comment ?
Malheureusement et heureusement, oui !. Les interactions sociales changent désespérément ces derniers temps ; et il est permis de craindre que cela ne cesse pas de sitôt…
Le sommelier se “digitalise”. Je fais régulièrement des présentations/interventions virtuelles. Grâce à des procédés qui se démocratisent, il m’arrive même de faire des dégustations en distanciel ! Plus de contraintes sanitaires, plus de restrictions en matière d’éloignement… Voilà un petit morceau d’avenir.
Est-ce que ton palais a été amené à changer ou à se développer au cours des dix dernières années ?
Plus je déguste, plus je deviens humble, je crois…C’est le principe de la connaissance selon Socrate. Savoir, c’est savoir qu’on ne sait pas.
Il y a tant de terroirs, de méthodes, de cépages, de personnes, qu’il en résulte une infinité de vins ; et il n’y a pas assez de toute une vie pour connaître ce breuvage millénaire.
Mon palais certes s’affine, du fait de l’expérience que je lui soumets, mais le chemin est encore long à parcourir, qui m’amènera à la satiété…
Quelle est ta plus belle rencontre dans le milieu viticole ?
Il y en a plusieurs ! Des vignerons, bien sûr : Dominique Hauvette, à Saint-Rémy de Provence. Une femme extraordinaire, unique. Julien Bréchet, pilote de rallye, généreux dans sa relation aux autres, visionnaire dans son travail de vigneron. Henri Bonneau… Il n’est plus là, maintenant, mais j’ai eu l’immense privilège de le rencontrer, c’est une chance inouïe dans la vie d’un sommelier. Il était un grand homme ; et un génie dans son genre. Des étudiants, aussi. Ma première session “en solo” des “Sommelier-conseil, caviste” de l’Université du Vin ; ils étaient 26. Passionnés, réceptifs, intelligents, sensibles, compétents… Je serais intarissable s’il s’agissait de qualifier ces femmes et ces hommes qui ont changé ma vie, véritablement, en me permettant de comprendre que s’offrait à moi un nouvel horizon professionnel.
As-tu une anecdote au cours de ton parcours à nous raconter ?
Il y en a une qui me vient ; elle n’est vraiment pas légère. Un jour je la raconterai par écrit, sous forme de nouvelle peut-être.
Le 14 juillet 2016, j’ai reçu le Président de la République au restaurant où je travaillais à l’époque. Accompagné de quelques ministres et autres notables régionaux. A la fin du repas, une inquiétante agitation s’est emparée du cercle le plus proche du chef de l’État ; quelques minutes plus tard nous avons compris en visionnant les flashs infos qui tournaient en boucle sur toutes les chaînes…¹
Quels sont tes projets actuels ?
Diversifier au maximum mes activités ! La routine est l’une des raisons de mon désamour pour la restauration.
Et je confesse que, un jour, j’aimerais enfin sauter le pas et écrire. Je le fais de temps en temps sur le thème du vin, mais bien d’autres m’intéressent. J’attends simplement LE sujet, celui qui telle la foudre électrisera ma pensée, exaltera mon inspiration…
¹ Référence attentat de Nice 14 juillet 2016
Nice post thanks foor sharing
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