C’est une sorte de pèlerinage en famille, entre amis, connu de nous tous originaires de la région; se rendre à fontaine de Vaucluse pour voir la source de la Sorgue.
Jusqu’en 1946 le village fontaine de Vaucluse, composé aujourd’hui de 600 habitants, se dénommait Vallis Clausa » (« vallée close » en latin, Vau-cluso en provençal), en raison de sa position topographique. Ce nom est ensuite devenu « Vaucluse » et a été attribué au département.
Le département du Vaucluse puiserait-il ses origines dans cette source ? l’exsurgence de Fontaine de Vaucluse est en fait la sortie naturelle des eaux de pluie et de la fonte des neiges qui s’écoulent à travers des galeries et cavités souterraines sur une surface de plus de 1100 km² en provenance du mont Ventoux, des monts de Vaucluse, du plateau d’Albion et de la montagne de Lure.
Cette source est la plus grosse de France et se porte au rang numéro 5 mondial avec un débit d’eau annuel de 630 millions de mètres cubes (20,0 m3/s). Les sources de même type portent en outre le nom de « sources vauclusiennes». C’est dire l’importance de notre fontaine de Vaucluse !
Pour voir notre source mondialement connue, il faut tout d’abord longer la Sorgue, les restaurants et cafés qui la surplombent, les boutiques touristiques de l’autre côté; on traverse ensuite le moulin à papier (qui nous plonge dans un autre temps où on pouvait encore s’émerveiller du papier fait à la main); au bout du chemin, se trouve une falaise de calcaire de plus 230 mètres de haut avec au pied, un immense gouffre: la voilà notre source.
Habitués ou non des lieux, on admire le site pour son coté mystérieux: on est pris par une forte envie de l’explorer pour y découvrir ses trésors. Les scaphandriers s’en sont donnés à cœur joie. Le premier à s’y aventurer c’est en 1878 : il atteint 28 mètres de profondeur: en 1946 l’équipe du commandant Cousteau atteint 46 mètres. En 1985 un sous marin téléguidé atteindra 308 mètres. Mais la source est encore bien plus profonde.
Enfants, adultes, on se met alors à imaginer ce que peut bien cacher cette fontaine; après les données techniques et géologiques, place à l’imaginaire et ce ne sont pas les légendes qui manquent;
La légende de la Coulobre est peut être la plus connue: on raconte en effet qu’une créature affreuse, moitié salamandre, moitié dragon vivait dans la Sorgue : elle chercha désespérément un père pour s’occuper de son bébé qu’elle devait élever seule après avoir été abandonnée par un dragon pour sa laideur: cette créature géante, emplie de haine, terrorisait la région, en égorgeant homme et bétail à la tombée de la nuit. Saint Véran s’en serait débarrassé en affrontant la bête, la terrassa et l’aurait vaincue avec un signe de croix. La créature se serait envolée et aurait fini sa course dans les hautes alpes, plus précisément dans un hameau dénommé « saint Véran ».Une autre variante de l’histoire serait que la créature aurait été d’abord catapultée dans le Luberon, plus exactement dans l’actuelle Combe de Lourmarin, expliquant le tracé sinueux de cette route reliant Lourmarin vers le pays d’Apt.
Quoi qu’il en soit, Saint Véran, le héros de fontaine de Vaucluse qui accomplit d’autres miracles, aurait alors été nommé évêque de Cavaillon. On peut y voir une victoire du christianisme. D’autres y verront une histoire de monstre aquatique à l’image de la Tarasque.
Les plus poétiques apprécieront d’avantage la légende de la nymphe: on raconte ici qu’un ménétrier dénommé Basile s’était endormi sur le chemin de fontaine de Vaucluse après avoir fait danser les filles: il vit une nymphe qui le conduisit au bord de la source et qui s’entrouvrit alors pour faire apparaître une prairie semée de fleurs surnaturelles. La nymphe présenta 7 diamants au ménétrier : en soulevant l’un d’eux, elle fit jaillir un puissant jet d’eau. « Voilà, dit-elle, le secret de la source dont je suis la gardienne: pour la gonfler je retire les diamants, au septième, l’eau atteint le figuier qui ne boit qu’une fois l’an ». Elle disparut en réveillant Basile. Le lieu ne pouvait que donner naissance au mythe de la nymphe; cette personnification des forces vives de la nature représentée par une femme jeune et jolie, dénudée et souvent associée à un point d’eau (« les naïades » en référence à la mythologie grecques).
De nombreux poètes, écrivains et autres personnalités furent inspirés par le site et ses légendes: De Lamartine à René Char en passant par Chateaubriand ou encore Mistral, sans compter le passage de Mirabeau ou de Voltaire.
Mais de tous, c’est certainement Pétrarque qui représente et décrit le mieux, à lui seul, fontaine de Vaucluse, « la reine des fontaines ». Pétrarque qui se console de son amour éternel et inaccessible, Laure, y voit régulièrement des nymphes. Et on voit dans Pétrarque, le héros qui se débarrassa de la Coulobre au cours d’une ballade imaginaire avec Laure.
Une chose est sûre, c’est que la fontaine de Vaucluse cache bien des trésors. Les dernières explorations ont permises de faire remonter plus de 400 pièces de monnaies et des milliers d’objets antiques de grandes valeurs rappelant que le site fût un lieu d’offrandes et de rituelles sous l’antiquité. Une barque appartenant à des ouvriers ayant exploré la fontaine et qui s’est retrouvée engloutie, est toujours coincée dans une faille à plus de 25mètres de profondeur.
Si aujourd’hui, via la technologie, une visite virtuelle nous permet d’explorer la source, celle-ci, au-delà de 315 mètres de profondeur, conserve encore bien ses secrets et ses mystères.
A l’image de notre Provence, la fontaine de Vaucluse reste avant tout une source d’inspiration. Elle démontre encore que l’eau nourrit l’imaginaire provençal et fait jaillir de nombreuses légendes que l’on ne cesse de raconter, pour mieux s’émerveiller devant notre patrimoine.
Publié par Sabrina